Autoconstruction

Humidité et fournaise en tiny house : comment les éviter


Une tiny house n’est pas une maison comme les autres. L’adage est d’autant plus vrai quand on aborde le sujet épineux de la composition des murs et des aérations, qui jouent un rôle clé aussi bien dans la durabilité de la construction que dans son confort de vie, hiver comme été. Basé sur une version plus technique téléchargeable en bas de page, cet article a pour but d’introduire certaines notions indispensables aux futurs auto-constructeurs. Attention, pour déterminer de quoi seront faits les murs de votre nid, il faut avant tout s’interroger sur son environnement et son usage au quotidien. Les informations suivantes n’ont pas valeur de vérités absolues. Bonne lecture, les Tinyz !

Crédit Photo : Christian Bock www.bock-tiny-house.de Tous droits réservés.

Si votre maison pouvait parler, elle vous tiendrait à peu près ce langage :

« Dis-moi… Combien serez-vous à vivre avec moi ? Comptes-tu me déplacer souvent ? Vas-tu me rendre visite de temps en temps ou va-t-on vivre ensemble toute l’année ? Serai-je chauffée et éclairée en permanence ? Dans quelle région veux-tu m’installer ? »

Autant de questions qui lui permettraient de guider au mieux vos décisions. Selon les cas, vous lui répondriez à la campagne, en bord de mer, à la montagne, au chaud, au froid ou bien dans une région tempérée mais humide. Qui sait, certains d’entre vous passeront peut-être même de la montagne au bord de mer selon les saisons et les activités de votre choix.

 Grâce à ces réponses, votre tiny house vous conseillerait ainsi l’ossature isolée la plus appropriée, vous indiquerait comment garantir la qualité de son air ambiant. Mais en attendant que les tiny parlent, voici ce que je peux vous conseiller. En fait, l’idéal serait d’installer des parois isolées qui s’adaptent partout ou presque. C’est ce qu’on appelle un compromis. Et pour le trouver, il va falloir gérer principalement deux choses : confort d’hiver et confort d’été.

Éviter l’humidité en tiny house : le confort d’hiver

Pour en savoir plus sur cette tiny, cliquez sur l'image.
Crédit Photo : Mylène Dugois. Tous droits réservés.

Qu’ils vivent dans un château, dans un studio ou dans une micro-maison, les habitants d’une maison produisent chaque jour de l’humidité. Comment ? En cuisinant, en se lavant, en respirant… Bref, en vivant, tout simplement ! Sachant qu’une tiny house dispose d’un volume au moins 2,5 fois inférieur à un logement conventionnel de 40 m², il convient d’apporter une attention toute particulière à la question de l’hygrométrie. Alors, comment faire pour vivre au mieux dans un habitat confiné l’hiver ? Eh bien, à moins d’aimer vivre dans un tupperware, il va falloir éliminer l’humidité. Il en va de votre confort et de votre santé !

Pour ce faire, quelques conseils et précautions :

1. Vos parois doivent être perspirantes

Cela veut dire que murs, plancher et toiture laissent migrer l’humidité contenue dans l’isolant vers l’extérieur tout en étant étanches à l’air et à l’eau. Et sans perte de chaleur, ou si peu ! Pour permettre une bonne perspirance, il ne faut donc surtout pas bloquer ce passage de l’humidité vers l’extérieur. Voilà pourquoi, selon moi, les films pare-pluie non HPV (hautement perméable à la vapeur d’eau) ou l’OSB en contreventement extérieur sont à oublier, car trop étanches à la diffusion de la vapeur d’eau.

2. Ventilez à tout prix

Aérations basses et hautes, VMC simple flux, double flux, aérateurs commandés, etc. Choisissez vos armes pour extraire l’air ambiant humide de votre tiny. À noter que plus vos murs seront perspirants, moins les extracteurs et/ou ventilations devront bosser ! Pour éviter tout risque fongique, essayez de ventiler vos meubles et autres caissons en y apposant des grilles hautes et basses. N’hésitez pas non plus à créer des trous de ventilation supplémentaires pendant la construction. Vous pourrez toujours les reboucher par la suite.

Un tableau comparatif de VMC a été mis en ligne par Romain Zaboni sur le groupe Facebook du Collectif. Merci à lui.

3. Quelle composition pour les murs ?

  • Le pare-pluie : en film obligatoirement HPV ou en fibre de bois étanche à l’eau et au vent.
  • L’isolant : préférez les matières fibreuses (sauf minérales, voir confort d’été) avec un lambda d’une valeur maximale de 0.045. De densité moyenne, il résistera mieux aux vibrations des déplacements routiers, qui finiront peut-être par le tasser.
  • Le frein-vapeur : surtout, ne le confondez pas avec le pare-vapeur. Le frein-vapeur doit être hygrovariable. C’est-à-dire que sa capacité à laisser passer la vapeur d’eau vers l’extérieur varie en fonction de la différence entre l’humidité relative contenue dans l’isolant et l’humidité relative de l’air ambiant. Pour faire simple, si l’air intérieur contient plus d’humidité que l’isolant, le frein vapeur se ferme et bloque l’humidité. À l’inverse, si l’air ambiant est plus sec que l’isolation, celui ci s’ouvre de manière à ce que la paroi puisse s’assécher. Par ailleurs, vous pourriez peut-être même opter pour ne rien mettre sur l’intérieur de votre ossature…

Comment ça RIEN ? Mais qu’est-ce qu’il raconte ? Il est fou ! Si vous voulez en savoir plus sur la question, vous trouverez en fin d’article une étude complète de la composition des murs d’une tiny house.

Éviter la fournaise en tiny house : le confort d’été

confort d'été tiny house
Pour en savoir plus sur cette tiny, cliquez sur l'image.
Crédit Photo : Mylène Dugois. Tous droits réservés.

Ce qui va nous intéresser le plus pour un bon confort d’été, c’est le déphasage thermique.

Ce terme un peu effrayant désigne la capacité d’un matériau, a fortiori d’un isolant, à résister aux transferts de chaleur. Un mur disposant d’un bon déphasage thermique empêche donc la chaleur de pénétrer trop rapidement à l’intérieur, notamment en pleine journée d’été. Au lieu de laisser passer la chaleur extérieure d’un seul coup, le mur l’absorbe petit à petit jusqu’à la tombée du jour. La nuit, c’est le phénomène inverse qui se produit : le mur rejette la chaleur à l’extérieur. Génial, une clim gratuite !

Plusieurs facteurs peuvent venir améliorer le déphasage thermique, et donc le confort d’été de votre tiny house.

Le choix de l’isolant

Dans une tiny, le déphasage peut facilement atteindre 6 heures avec de bons matériaux isolants et un pare-pluie en fibre de bois pour un mur de 15 cm d’épaisseur. En clair, la température extérieure mettra 6 heures pour pénétrer dans la tiny au travers des murs. À noter qu’il serait bon d’atteindre 8 heures en toiture, pour assurer un meilleur confort dans la mezzanine.

Retenez également que pour un déphasage efficace, les isolants comme le polystyrène, les mousses en tout genre et les laines minérales sont contre-indiqués. Perdre une à deux heures à cause d’eux serait dommage…

Autres facteurs à ne pas négliger

Il est important de préciser qu’une tiny aura systématiquement tendance à surchauffer durant les beaux jours, car même avec huit heures de déphasage, sa légèreté (3,5 t) ne saurait apporter l’inertie nécessaire au lissage de la courbe des températures quotidiennes comme c’est le cas dans une maison traditionnelle. Prévoyez donc des fenêtres hautes ouvrantes pour évacuer le surplus de chaleur. Enfin, n’hésitez pas non plus à placer votre tiny à l’ombre si vous en avez la possibilité ! Les solutions les plus simples sont souvent les plus efficaces.

Exemple de rapport sur le temps de déphasage
Cliquez sur l'image pour accéder au site U-Wert et observer vous-mêmes les effets de vos matériaux. Un compte est nécessaire pour utiliser la version française.

Pour aller plus loin :

Vous connaissez désormais les priorités à gérer pour bien isoler et rendre confortable votre tiny en hiver comme en été.
Mais si vous souhaitez obtenir des informations plus techniques et détaillées à travers l’analyse de différents murs, vous pouvez télécharger la version originale de cet article ici.

Vous pouvez également regardez les vidéos de Papy Claude pour en apprendre plus sur le déphasage, l’isolation ou le confort d’hiver :


Un grand merci à François pour son travail et sa bonne volonté.

Vous avez des questions, des remarques ? N’hésitez pas à publier des commentaires ci-dessous ! Nous tâcherons de les prendre en compte dans un article plus détaillé.

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  • Dune

    DuneDune

    Auteur Répondre

    Une bonne idée, le ventilateur inversé de plafond. L’été il rafraîchit et l’hiver il fait redescendre la chaleur créé par les chauffages.


  • Luc Airiau

    Bonjour le Collectif !

    Alors d’abord un grand merci pour ce super article, bien complet et précis 😀 Les vidéos du Papy Claude sont tops elles aussi.

    J’ai une petite question du coup : que pensez vous des contreplaqués bakélisés pour réaliser le dessous de la plateforme de la Tiny ? Le revêtement la rend étanche, donc on retrouve le rôle d’un pare vapeur et les problèmes de condensation qui vont avec ?

    Je pensais m’orienter vers cette solution de contreplaqué plutôt qu’une feuille d’acier perforée car je suppose que c’est un chouilla plus isolant.

    Merci encore pour cet article et le magnifique travail que vous fournissez et à bientôt


  • Jonathan

    Hello Luc,
    alors il est important de laisser le sol respirer. Avec un cp ton isolant vas étouffer, la condensation doit pouvoir s’échapper


  • MOAL

    MOALMOAL

    Auteur Répondre

    Bonjour, étant une passionnée des tiny houses, j’ai pu constater qu’il était possible d’utiliser un feuillard métallique pour contreventer l’ossature à la place de l’osb.
    Avec un isolant bois par exemple et une ouverture toit, pensez-vous que cela pourrait être de bonnes combinaisons utiles à rendre une tiny plus perspirante…..et gagner en poids également d’ailleurs !


  • Luc

    LucLuc

    Auteur Répondre

    Merci pour ta réponse Jonathan 🙂 Mais l’humidité du plancher peut s’évacuer par le parquet non ?



    • Julien

      JulienJulien

      Auteur Répondre

      Bonjour Etienne,

      merci de nous l’avoir signalé. C’est corrigé.
      Bonne lecture 🙂


  • francois thiberge

    Bonjour,
    Je vois ça avec les admin…
    Merci


    • Julien

      JulienJulien

      Auteur Répondre

      Bonjour François,

      le lien est corrigé. Merci 🙂


  • Damien

    DamienDamien

    Auteur Répondre

    Bonjour,
    Elle est ou l’étude complète de la composition des murs d’une tiny house ?


  • François

    Bonjour, vers le bas de page , il y a un lien « ICI » …


  • Damien

    DamienDamien

    Auteur Répondre

    Superbe article (je conseil de lire le PDF aussi), très utile.


  • François Thiberge

    Merci du compliment !


  • JB

    JBJB

    Auteur Répondre

    L’article de François est excellent ! Lire de se détacher des DTU fait du bien (même pour un auto constructeur novice…). J’avais hésité pour la solution proposant le panneau pare-pluie en extérieur, mais j’avais trouvé le poids rédhibitoire. Je vois que François a pris dans son exemple des sections de bois, disons, moins conventionnelles ; ceci explique peut-être cela ?..À quand un article aussi bien fait sur les sections d,ossature à utiliser pour les Tiny ? 😉 Je suis persuadé qu’il y a des gisements de kg en trop qui pourraient être utile au confort en général (isolation ou autre…)


  • François Thiberge

    Bonjour JB, merci du compliment.
    Pour les bois d ossatures, il est vrai que les sections utilisées généralement sont trop importantes… Mais il faut sécuriser les clients quand à la résistance…qui dépend aussi de la charge en inertie lors des déplacements…et plus tu es lourd…plus d inertie de charge et d accélération des transferts
    Nous construisons en douglas en 35×95 raboté 4 faces .
    L’avantage du douglas est ça résistance à la flexion et a l’ arrachement des clous et vis.
    Le Contreventement est en plaques intérieures et écharpes.
    Pour un article bois d ossatures, j y pense…mais bcp de boulot Tiny et autres constructions classiques.
    Nous allons développer une game bois d ossature de 27 a 38 par 55 a 95, des liteaux droits et biaisés, bardage de 15 à 25mm, etc spéciale Tiny (avec ou sans roues).
    Contact ; François : 0668999822


  • Rémi

    RémiRémi

    Auteur Répondre

    Bonjour François,

    Votre article est très intéressant.
    J’ai lu votre PDF avec beaucoup d’attention et votre analyse est, je trouve, pleine de bon sens.
    J’ai donc une question : Si nous voulons ne pas impacter de trop le poids de la Tiny peut-on envisager une solution avec un pare pluie HPV souple et pas de frein vapeur ?
    Si notre pare pluie souple est étanche au vent cela ne donnera-t-il pas un résultat similaire pour l’humidité ?

    Merci encore pour votre article !
    Rémi


    • Milena de Génération 2mains

      Bonjour,
      Merci François pour cet article ultra complet !!
      Nous sommes très heureux de découvrir que l’on peut se passer d’un frein/pare vapeur ! Nous n’en voulions pas ? Tout le monde nous disait qu’on était fou ! Ça fait plaisir de lire votre étude !
      Nous autoconstruisons notre agri tiny ? (construction sur châssis Agricole) et ne sommes donc pas limité par le poids.
      Nous pensions faire 2cm de bardage extérieur Douglas, vide d’air, pare pluie en fibre de bois (n’y a t’il pas une alternative, le plus clean contient de la paraffine et des liants ?), 6cm de fibre de bois et 2cm de bardage intérieur peupliers. Avez vous des conseils à nous donner ?
      Nous sommes très exigeants en terme de matériaux, notre objectif est d’avoir un habitat santé.

      Je vous remercie d’avance pour votre réponse et pour ce fabuleux travail,
      Milena de Génération 2mains


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